L'époque de la Révolution et l'Empire allemand
La révolution industrielle
Les nombreux feux de production ainsi que l'énorme quantité de fumée qui provient des cheminées des fonderies et des usines de construction de machines établies dans certaines parties de la banlieue de Oranienburg au 19ème siècle lui valent le surnom de « Feuerland » (la Terre de Feu). August Borsig construit ici la première locomotive entièrement développée en Allemagne tandis que dans la Schlegelstraße, Emil Rathenau, fondateur de AEG, initie avec les ampoules Edison la marche triomphale de l'arrivée de l'électricité à Berlin. Des entreprises aujourd'hui mondialement connues comme Siemens (1847), Schering (1864) et Schwartzkopff (1852) sont créées et attirent en ville de plus en plus d'ouvriers venus des campagnes. Le nombre d'habitants à Berlin, y compris les zones de lotissement environnantes, atteint alors 400 000 personnes.
La révolution bourgeoise-démocratique
Le déclin du travail manuel et la naissance d'un prolétariat industriel à Berlin surgissent conjointement à la révolution industrielle. Les conditions de travail, le chômage, la pauvreté, les mauvaises récoltes et l'augmentation constante des prix des denrées alimentaires conduisent à de nouveaux soulèvements. La révolte des tailleurs (1830), celle des usines de production (1835) puis la révolution des pommes de terre (1847) sont combattues de façon rigide par l'État et engendrent la révolution allemande de 1848/49. Face aux soulèvements d'unité et d'indépendance nationalistes et bourgeois-démocratiques qui envahissent toute l'Allemagne ainsi qu'à l'insurrection des barricades à Berlin, le roi Frédéric Guillaume IV fait alors en premier lieu quelques concessions politiques. Il les abroge de nouveau à la suite de la prise de la Zeughaus (juin 1848) au cours de la contre-révolution et rétablit les anciennes structures du pouvoir avec la dissolution de l'assemblée nationale prussienne. En 1869, la municipalité berlinoise emménage dans sa nouvelle « Rotes Rathaus » (Mairie rouge). À l'occasion des 150 ans de la révolution de mars, 1 998 plaques commémoratives sont posées en souvenir des batailles des barricades et de leurs victimes (entre autres aux coins des rues Oberwallstraße/Werderstraße et Taubenstraße/Friedrichstraße, et à la Deutsche Kirche sur le Gendarmenmarkt).
La capitale du Reich impérial
La capitale du Reich allemand après le rattachement administratif des banlieues de Wedding, Gesundbrunnen et Moabit ainsi que d'une partie des terres de Charlottenburg, Schöneberg, Tempelhof et Rixdorf rassemblait en 1871, au début du Reich impérial allemand, presque 1 million d'habitants à Berlin et dans sa banlieue. Surgirent des « casernes » typiques à Berlin comme la Viktoriastadt ainsi que la colonie résidentielle représentative du début du 20ème siècle à Lichterfeld-Ouest. Après la victoire de 1870/71 lors de la guerre franco-allemande, le chancelier du Reich Otto von Bismarck établit une orientation libérale vis-à-vis des groupes de gauche comme le parti des travailleurs socialistes August Bebels et Wilhelm Liebknechts. Avant de les combattre à partir de 1878 avec la « loi contre les tentatives constituant un danger public dues à la social-démocratie ». En 1890, le SADP, le parti le plus fort, sort vainqueur lors des premières élections du Reich sous l'empereur Guillaume II et Bismarck est destitué de ses fonctions. En 1906, le cordonnier Wilhelm Voigt profite de l'obéissance à l'uniforme dans l'État prussien – habillé en capitaine de l'armée, il marche accompagné d'une troupe de vrais soldats dans la mairie de Köpenick, où il dérobe les caisses de la ville et des papiers de séjour. En 1907 est inauguré le KaDeWe (Grand Magasin de l'Ouest) sur la Wittenbergplatz, proposant une gamme et des produits de luxe.
Le Grand Berlin de 1920
En 1911, les villes indépendantes de Berlin, Charlottenburg, Deutsch-Wilmersdorf, Lichtenberg, Neukölln, Schöneberg et Spandau ainsi que les districts de Niederbarnim et Teltow sont regroupés à la suite de la « loi de la communauté d'agglomération du Grand-Berlin ». L'association de ces villes représente environ 3 500 kilomètres carrés et 4,2 millions d'habitants mais ne conduit pas à l'égalité sociale espérée entre chaque communauté. Ce n'est que sous la République de Weimar que Berlin réussit au travers de la loi formant le Grand-Berlin de 1920 à s'établir en tant que division administrative indépendante avec des fonctions semblables à celles d'une province et deuxième plus grande ville du monde en termes de surface – avec le rattachement administratif de Berlin-Lichtenberg, Berlin-Schöneberg, Berlin-Wilmersdorf, Charlottenburg, Neukölln, Spandau et Cöpenick ainsi que de 59 communes et 27 districts ruraux des régions de Niederbarnim, Osthavelland et Teltow.