
Anette Hüsch, Directrice d' Alte Nationalgalerie
Mon objet préféré des collections
En tant que directrice de l'Alte Nationalgalerie, j'ai l'embarras du choix pour sélectionner une œuvre. Et parfois, les critères de sélection sont aussi singuliers. Comme le soleil brille aujourd'hui, que la verdure du début de l'été est si intense et que les soirées sont si agréablement bleues et claires, j'opte pour une œuvre de August Kopisch : Les marais Pontins au coucher du soleil de 1848.
Le tableau de Kopisch est exposé au troisième étage de l'Alte Nationalgalerie, près de la salle Caspar David Friedrich, dans l'un des cabinets.

Une intensité énorme
C'est déjà spectaculaire en soi : les couleurs et le décor de Les Marais Pontins au coucher du soleil sont d'une intensité énorme. Presque trop intense! Le tableau fait partie de l'ensemble que le banquier Wagener offrit au roi de Prusse et qui initia la création de la Nationalgalerie. Kopisch lui-même a décrit l'œuvre à Wagener, en faisant référence au lieu près de Rome, aux troupeaux de buffles et au "disque solaire" se couchant dans la mer. Le tableau invite à une observation détaillée, occupée d'une part à la découverte du paysage, du ciel, des animaux, et d'autre part à la coloration et à l'impression d'ensemble quasi artificielle.
Presque comme dans un film fantastique...
L'œuvre de Kopisch me plaît beaucoup, entre autres, parce qu'elle offre de nombreux points d'ancrage esthétiques aux habitudes visuelles actuelles, aux mondes visuels et aux images. Kopisch montre en outre un paysage maintes fois peint par des artistes de sa génération d'une manière très inhabituelle, car si riche en couleurs.
Dans cette version - Kopisch a peint les marais pontins trois fois en tout - le regard semble presque sortir d'un film fantastique. Kopisch fait partie des personnages particulièrement intéressants du XIXe siècle : il n'était pas seulement un très bon peintre, mais il a également écrit des poèmes, dont celui sur les petits lutins de Cologne, paru l'année où ce tableau a été réalisé, et il était un inventeur. En 1834, il fit breveter le four rapide dit de Berlin : Cette invention pratique, fonctionnant à l'alcool, permettait de chauffer de petites pièces de manière flexible. Peut-être l'utilisa-t-il également à partir de 1847 dans sa nouvelle et dernière résidence, la maison du jardinier dans le parc de Sanssouci?
Dr. Anette Hüsch